Réparation d’un « boitier à chaine » STILE RF

Le « boitier à chaine » STILE RF est un appareil permettant l’ouverture / fermeture d’une fenêtre battante à l’aide d’une télécommande.

Photo du STILE RF
Boitier à chaine STILE RF

L’exemplaire en ma possession refuse totalement de fonctionner, et ne donne aucun signe de vie. Voyons si il est possible de le réparer.

Le démontage est rapide, il suffit de dévisser 7 vis pour retirer le capot arrière, puis 2 vis supplémentaires libèrent le mécanisme de la chaîne, révélant l’électronique de contrôle.

Photo PCB électronique STILE RF
L’électronique de contrôle est logée sous la chaîne.

Le principe de fonctionnement est sommaire : un moteur 230V à double enroulement ( un pour chaque sens ) est piloté par 2 relais sur la carte électronique . Un microcontrôleur R5F2126 se charge de leur contrôle, en fonction de l’état de 3 microswitchs indiquant la position de la chaîne, ainsi que des ordres de la télécommande, reçus par un récepteur radio Si4355 de chez Silicon Labs. Une EEPROM ( de type 93xx66 ) est présente, probablement pour stocker les codes des télécommandes associées. Un régulateur BUCK ( no isolé ) fourni la tension de 12V utilisée pour le pilotage des relais, à partir de laquelle un régulateur linéaire fourni une tension de 3.3V pour l’alimentation de la logique.

Je misais à priori sur une défaillance du régulateur BUCK ( problème courant sur ce type de montages ), mais après une mesure rapide des tensions ( attention ! pas d’isolation du secteur, toute l’électronique est à un potentiel dangereux ! ), il s’avère que toutes sont présentes. Pour la suite je déconnecte l’alimentation 230V, et fourni le 12V à partir d’une alimentation de laboratoire, pour pouvoir expérimenter sans risque.

Les transistor assurant le contrôle des relais, ainsi que les sorties du microcontrôleur les pilotant sont testées à ohmmètres, et ne semble pas endommagés.

Je décide alors d’instrumenter les broches d’ I/O de l’EEPROM ainsi que du récepteur radio, afin de vérifier le bon fonctionnement du microcontrôleur. J’y trouve de l’activité à la mise sous tension du système ( lecture de l’EEPROM et configuration du récepteur radio ), mais également à chaque appui sur un bouton de la télécommande : le microcontrôleur semble donc opérationnel ! Dans ce cas, pourquoi les relais ne sont-ils jamais pilotés ?

Je trouve un début de réponse dans le manuel utilisateur : La télécommande est associée à l’appareil à sa première mise sous tension ; par la suite il faut disposer d’une télécommande fonctionnelle associée pour pouvoir en associer une nouvelle.

Et si ? Et si ma télécommande n’était plus associée à cet appareil ? Les symptômes seraient identiques !

L’empreinte pour un bouton poussoir est présente sur le PCB, mais non peuplée. Peut-être s’agit-il d’un bouton d’association, finalement non monté ? Court-circuiter ses broches provoque un BIP du buzzer, mais rien de plus.

Il me faut un moyen de retourner l’appareil à sa configuration d’usine. Je décide d’effacer l’EEPROM présente sur la carte. Pour cela, le microcontrôleur est désactivé en raccordant sa broche RESET à la masse, afin de l’empêcher de manipuler les I/O de l’EEPROM, que je raccordes par ailleurs à une carte de développement ESP32 ( idéale, car en logique 3.3V ). Cette carte est programmée pour lire chaque adresse de l’EEPROM, en effacer le contenu, et effectuer une nouvelle lecture pour valider que l’effacement est effectif. Ce programme est disponible dans l’archive ci-dessous.

Une fois sa tâche accomplie, la carte ESP32 est déconnectée, et l’alimentation de l’appareil coupée, puis restaurée. 3 bips se font entendre, indiquant d’après le manuel utilisateur qu’aucune télécommande n’est associée. Je procède à l’association de la télécommande, et après appui sur un des boutons : Victoire ! Un des relais commute ! Le moteur ne tourne pas, mais c’est attendu, l’appareil n’est pas raccordé au secteur, je ne lui fourni d’une alimentation +12V . L’appareil est rapidement remonté, alimenté, et je peux constater que la chaîne est bien mise en mouvement en fonction des ordres de la télécommande !

Je n’ai pas du déterminer qui, de l’appareil ou de sa télécommande, est à l’origine de cette défaillance. Il ne semble pas y avoir de code de correction d’erreur permettant de détecter une corruption de l’EEPROM, mais son écriture est interdite à sa mise sous tension, et doit être déverrouillée par l’envoi d’une commande spécifique. Du coté de la télécommande, pas d’EEPROM, le code est probablement stocké directement dans son microcontrôleur. Quelle qu’en soit la cause, ce mode de défaillance, purement logiciel, est incroyablement stupide, l’appareil est rendu inutilisable alors qu’il est en parfait état de fonctionnement ! Pourquoi le fabricant n’a-t-il par prévu une procédure permettant d’associer une nouvelle télécommande sans disposer d’une télécommande précédemment associée ?? Disposer de 2 télécommande permettrait-il de mitiger le problème ? ( en utilisant la seconde télécommande pour associer à nouveau une télécommande « oubliée » ).

5 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Hello M Pila et merci pour ton article !

    J’ai quelques questions : Quels risques prend-on quand on commute un bouton poussoir fantôme sur un pcb ? Est-ce que ça peut être grave, parfois, docteur ?

    Pour pouvoir effacer l’EEPROM, as-tu injecté une tension d’alimentation dans le circuit ? Si c’est le cas, est-ce risqué aussi ? Tu alimentes « à l’envers » une sortie du régulateur de tension prévu…

    Merci

    1. Salut Tony,

      Généralement ce sont des boutons prévus soit pour entrer en mode « bootloader » pour permettre de mettre un jour le programme, soit pour effacer réinitialiser la configuration d’usine, ou encore pour entrer dans un mode de test.
      Je n’ai encore jamais rencontré de cas où l’appui sur un bouton a des conséquences désastreuses, mais c’est bien sur toujours une possibilité à considérer.

      Pour l’effacement de l’EEPROM, j’ai continué de fournir une alimentation 12V à l’appareil, afin de maintenir son régulateur 3,3V opérationnel. Je ne voulais pas injecter le 3.3V directement justement pour éviter le problème que tu mentionne !

      1. Merci pour le retour 😉

        Du coup, l’ESP32 est alimenté aussi par le circuit, je suppose ?

        Quels tests as-tu fait sur les transistors et les sorties du microcontrôleur ? « à l’ohmmètre »

        1. Salut Tony,

          L’ESP32 est alimenté par son port USB, mais après que l’appareil soit alimenté en 12V. En effet, le microcontrôleur d’origine étant maintenu en reset, les broches de l’EEPROM sont flottantes, quand l’ESP32 n’est pas alimenté, il les tire à la masse, c’est OK.

          Pour les transistors et les sorties du microcontrôleur, j’ai simplement vérifié l’absence de court-circuit flagrant, la plupart des composants à base de silicium ayant tendance à mourir en court circuit 🙂

            • Tony sur 4 novembre 2022 à 17h06

            Merci encore !

            J’attends ton prochain article avec impatience ! 😉

Répondre à Pila Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.